
On sait bien qu’une langue, c’est quelque chose qui n’est pas figé, qui évolue avec ses imperfections et ses ambiguïtés, les usages de ses locuteurs, les influences des langues étrangères (l’anglais en particulier, de nos jours), etc. Tout de même, il est difficile de ne pas être agacé par certains usages, mésusages ou abus linguistiques, qui reflètent parfois des réalités sociologiques, voire politiques, pas si anodines. Pour se défouler et partager ces petits agacements, voici une série de remarques linguistiques plus ou moins brèves et plus ou moins moqueuses. Il est peu probable que ces billets aient un effet sur les contrevenants, mais sait-on jamais ?
- 1. Du chaos dans l’unité
- 2. Le singulier pluriel des sigles
- 3. Cinq kilowattheures par heure !
- 4. Des clicks… et des claques
- 5. Un impact trop violent
- 6. Le mauvais ton de l’antiélectron
- 7. « Holocauste », une insulte aux victimes
- 8. Le syndrome de Jolitorax
- 9. Des photos capturées… puis exécutées ?
- 10. Le problème est adressé. À qui ?
- 11. Participe présent hi-han
Du chaos dans l’unité
L’écriture des unités de mesure (de longueur, de volume, de tension électrique, de temps, d’énergie, etc.) semble poser des difficultés à beaucoup, y compris parmi les physiciens les plus aguerris. D’où une certaine cacophonie orthographique. Faut-il écrire « Kilomètre », « kilomètre », « kilomètres », « km », « Km », « Kms », « KM »… ?
Les règles sont pourtant simples, claires et très peu nombreuses. Rappelons-les. Il faut d’abord distinguer les unités écrites en toutes lettres et leurs abréviations.
Lorsqu’on écrit les unités en toutes lettres, elles ne prennent pas de majuscule, même lorsque le nom de l’unité dérive d’un nom propre. Ainsi, on écrit « ampère », « newton », « joule », « hertz », « watt », … et non « Ampère », « Newton », « Joule », « Hertz », « Watt »… C’est bien sûr valable aussi pour les multiples et les subdivisions, comme « mégawatt », « microjoule », etc.
Par ailleurs, les unités écrites en toutes lettres prennent un « s » lorsque le nombre qui leur est associé est supérieur ou égal à 2. On écrit donc, par exemple, « 3 kilomètres », « 60 watts », « 2 newtons » mais « 1,8 newton »… Les seules exceptions que je connaisse sont les unités dont le nom se termine par un « s », un « x » ou un « z », comme « siemens », « lux » ou « hertz », qui restent invariables, ou de vieilles unités comme le quintal (qui devient « quintaux » au pluriel).
Quant aux abréviations, ou symboles, des unités, elles sont invariables. Elles ne prennent pas de « s » au pluriel. Le symbole de chaque unité (ainsi que de chaque préfixe multiplicateur ou diviseur) est fixe, et s’écrit avec une majuscule lorsqu’il dérive d’un nom propre ; par exemple, le hertz a pour symbole Hz. Ainsi, des écritures comme « kms » au lieu de « km », « Ghz » (pour gigahertz) au lieu de « GHz », ou « Kwh » (pour kilowattheure) au lieu de « kWh » sont erronées mais malheureusement fréquentes, donc… agaçantes !
Le singulier pluriel des sigles
Les sigles, abréviations formées de quelques lettres majuscules ou autres symboles, comme DVD, PIB ou PDF, rendent un précieux service. Cependant, ils ont tendance à être envahissants, et un texte truffé de sigles devient rapidement désagréable à l’œil et incompréhensible. Depuis quelque temps, à l’abus des sigles s’ajoute un autre travers : celui de leur ajouter un « s » au pluriel, ce qui donne par exemple « des PDFs » ou « des OPAs ».
À quoi cette nouveauté est-elle due ? Comme souvent, à l’imitation machinale de l’anglo-américain. En effet, en anglais, les sigles prennent un « s » au pluriel, et à force de lire des documents écrits dans cette langue, de plus en plus de gens oublient la règle en vigueur dans la nôtre : en français, les sigles ne prennent pas de « s » au pluriel.
La règle française est-elle davantage justifiée que la règle anglaise ? Je ne saurais dire, il semble là que tout soit affaire de convention. Mais personnellement, je trouve plus esthétique, moins dérangeant sur le plan visuel, d’éviter de mélanger au sein d’un même mot majuscules et minuscules (et, plus généralement, des familles différentes de lettres ou symboles).
Remarquons pour finir que les sigles de noms communs qui se prononcent comme des mots ordinaires (autrement dit, les acronymes) et qui sont passés dans le vocabulaire courant, tels que « laser », « radar », « bit » ou « ovni », s’écrivent entièrement en minuscules et prennent bien, eux, un « s » au pluriel !
Cinq kilowattheures par heure !

Pauvres unités de mesure de l’électricité ! Elles sont décidément victimes de bien d’incompréhensions et confusions. C’est en particulier le cas des unités d’énergie et de puissance électriques, pourtant souvent rencontrées dans notre quotidien. Il est ainsi fréquent de lire, par exemple sur la fiche de présentation d’appareils électroménagers dans les magasins, quelque chose comme « Consommation : 200 watts par heure ». Pourquoi est-ce ridicule et dépourvu de sens ?
Rappelons d’abord que le watt est une unité de puissance, et que, par définition, la puissance d’un appareil désigne la quantité d’énergie qu’il consomme par unité de temps. Ainsi, par définition, le watt (W en abrégé) correspond à une énergie de 1 joule (le joule est l’unité d’énergie dans le Système international des unités de mesure) fournie ou reçue en 1 seconde. Autrement dit,
1 watt = 1 joule/seconde.
Par commodité, les électriciens n’utilisent pas le joule, unité généralement trop petite pour eux, mais le wattheure et ses multiples tels que le kilowattheure (écrits comme ça, sans trait d’union ni barre oblique entre watt et heure !).
Par définition, le wattheure (Wh en abrégé) est l’énergie dépensée ou reçue en 1 heure par un appareil dont la puissance est de 1 watt. Autrement dit,
1 wattheure = 1 watt ⨯ 1 heure = 1 joule/seconde ⨯ 1 heure = 1 joule/seconde ⨯ 3 600 secondes = 3 600 joules.
De même, le kilowattheure (kWh en abrégé) est l’énergie dépensée ou reçue en 1 heure par un appareil dont la puissance est égale à 1 kilowatt, soit 1 000 watts. Autrement dit :
1 kWh = 1 000 wattheures = 3 600 000 joules.
Cette unité est importante dans notre quotidien, puisque c’est l’énergie consommée (mesurée en kWh), et non la puissance, que les fournisseurs d’électricité facturent …
L’erreur très répandue consiste à croire que 1 kilowattheure correspond à 1 kilowatt par heure, ce qui n’a aucun sens. En effet, le kilowatt est déjà une énergie divisée par une durée ; quelle signification aurait une énergie divisée par une durée, divisée à son tour par une durée ? Au contraire, le kilowattheure est une puissance multipliée par une durée :
1 kilowattheure = 1 kilowatt ⨯ 1 heure, et en aucun cas 1 kilowatt/1 heure !
En revanche, dire qu’un système consomme 5 kilowattheures par heure a tout à fait un sens : cela signifie qu’il dépense chaque heure une énergie de 5 kWh, et donc qu’en moyenne sa puissance est de 5 kilowatts (5 kW)…
Des clicks… et des claques

Février 2020 : le virus SARS-CoV-2, l’agent infectieux de la maladie nommée Covid-19, envahissait la France. À l’instar des autorités de bien d’autres pays, le gouvernement français prit alors des mesures de confinement afin de réduire la propagation de l’épidémie. Ce qui a précipité l’arrivée d’une autre épidémie, moins dangereuse mais plus persistante : celle du Click & Collect.
Ce système où l’on commande par Internet une marchandise que l’on vient récupérer ensuite chez le vendeur a assurément des avantages et a d’ailleurs rendu de grands services lors des périodes de confinement. Grâce à son utilité, il s’est installé durablement dans le paysage commercial. Rien à redire ?
Presque. Il est dommage que les marchands en France se soient contentés de reprendre telle quelle l’expression venue d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique. Il aurait été pourtant facile d’en trouver un équivalent dans le sabir local. Par exemple, pourquoi pas « Cliqué-Emporté », ou « Clic & Retrait », ou « Cliqué-Retiré » ? Mais non, ça fait tellement plus chic de le dire en anglais… Au point d’ajouter cette mention indispensable pour les francophones : « Easy, fast & free ». En plus, reprendre telle quelle l’expression évite de faire des efforts d’imagination…
Autre dommage collatéral : à force de lire Click & Collect sur les devantures des magasins et de leurs sites internet, il semble que de plus en plus de nos concitoyens trouvent tout naturel de flanquer un « k » à leurs clics, qui n’en avaient guère besoin. Même sans « k », les clics permettent à tout un chacun, d’un clac de doigt, de faire ses courses et d’aller aussitôt s’affaler, quand il en a sa claque, sur son clic-clac !
Un impact trop violent

Avez-vous remarqué ? Depuis que le mot « impact » s’est libéré du carcan du substantif pour s’aventurer dans le territoire des verbes et des participes passés, il ne se sent plus et impose sa présence à tout bout de champ, de préférence sous forme conjuguée.
Par exemple, on ne dit plus « Cette politique a eu un grand effet sur la situation économique », mais « Cette politique a fortement impacté la situation économique ». Forger un verbe à partir du mot « impact », pourquoi pas, le besoin s’en est manifestement fait sentir à certains. Au début, bien sûr, cela écorche l’oreille, puis on s’habitue… Le problème n’est pas là.
Le problème, c’est que le verbe « impacter » est devenu hégémonique et tend à remplacer tous les autres qui ont une signification plus ou moins voisine tout en donnant une nuance. « Influencer », « influer sur », « affecter », « toucher », « perturber », « marquer », « altérer », « atteindre », etc. : ces verbes semblent tombés dans les oubliettes de la novlangue.
Si ajouter au dictionnaire le mot « impacter » peut être considéré comme un enrichissement, l’abus de son usage est clairement un appauvrissement du langage, mais aussi de la pensée. D’une part, en effet, la diversité linguistique en souffre. D’autre part, le verbe « impacter » exprime seulement l’existence d’un impact, alors que ses cousins apportent quelque chose de plus : une information, même imprécise, sur la nature de l’impact.
Le mauvais ton de l’antiélectron

On le sait depuis plusieurs décennies : dans le monde des particules plus ou moins élémentaires, telles que l’électron, le proton ou le neutron, il existe une symétrie en vertu de laquelle l’existence d’une espèce de particules s’accompagne de l’existence de l’espèce opposée, à savoir des particules ayant exactement les mêmes caractéristiques mais dont la charge électrique (ainsi d’ailleurs que d’autres « charges » plus abstraites) est exactement opposée. On les appelle, par opposition aux premières, des « antiparticules ».
L’exemple le plus connu, et historiquement le premier, est celui de l’électron. Cette particule de charge électrique négative a un sosie dont la charge électrique est positive et exactement opposée, l’antiélectron. Toute la planète nomme « positron » ce sosie-miroir. Toute ? Non ! Un pays partiellement peuplé d’irréductibles locuteurs résiste encore et toujours à cette unanimité langagière : la France. Dans cette contrée, une partie non négligeable de la population nomme « positon » l’antiélectron, et les dictionnaires de l’Hexagone mentionnent même ce mot en premier, avant celui de « positron » qu’ils admettent cependant aussi.
Alors, faut-il dire « positon » ou « positron » ? Les physiciens français ont tendance à dire « positron », comme leurs collègues à l’étranger, tandis que leurs compatriotes du milieu médical utilisent généralement « positon ». Comment faire un choix éclairé ? On peut remonter à 1932, année de la découverte expérimentale de l’antiélectron par le physicien américain Carl Anderson. L’article rapportant cette découverte (Science, vol. 76, n° 1967, pp. 238-239, 9 septembre 1932, http://www.jstor.org/stable/1658257) ne nommait pas encore cette particule ; mais dans son article plus détaillé publié en 1933 (Physical Review, vol. 43, pp. 491-498, 15 mars 1933, https://doi.org/10.1103/PhysRev.43.491), Anderson choisit d’abréger en « positron » l’expression « positive electron » (« électron positif ») utilisée jusque-là. Quant au terme « positon », je n’ai pas retrouvé ses traces dans des publications antérieures à 1935. Il semble que la proposition « positon » soit née de l’idée de nommer symétriquement l’électron et son antiparticule, en rebaptisant « négaton » l’électron, ce qui donnait naturellement « positon » pour l’antiélectron.
Cependant, « négaton » est très vite tombé en désuétude et plus personne aujourd’hui n’utilise ce terme. Partant, son symétrique « positon » n’a plus de raison d’être, d’autant qu’il est postérieur de deux ans au nom introduit par Anderson et qu’il est très peu, voire pas du tout, utilisé hors de France. Bref, « positron » est préférable à « positon » pour plusieurs raisons !
Pendant qu’on y est, mentionnons une technique moderne d’imagerie médicale issue de la physique des particules, la « tomographie par émission de positrons », ou TEP en abrégé (l’abréviation anglaise est PET). Compte tenu des arguments en défaveur de « positon », le fait que l’on parle presque exclusivement en France de « tomographie par émission de positons » est un motif d’agacement. Que l’on parle en français de « PET-Scan » pour désigner cette imagerie en est un autre, d’autant que le terme de « tomographie » (qui signifie visualisation par tranches) contient déjà l’idée de scanner. Alors pourquoi ne pas dire que l’on va faire une TEP, plus simplement, au lieu de dire que l’on va faire un PET-Scan ?
« Holocauste », une insulte aux victimes

Faut-il le rappeler ? Le nazisme, mouvement antidémocratique, raciste et ultranationaliste créé par Adolf Hitler, est responsable d’une des pires, sinon la pire, abominations de l’histoire humaine, qui en compte pourtant de nombreuses. La Seconde Guerre mondiale qu’il a déclenchée a fait plusieurs dizaines de millions de morts, mais l’abomination ne consiste pas seulement en l’énormité de ce chiffre. Elle consiste aussi et surtout en l’extermination délibérée, méthodique et d’une brutalité sans nom de millions de civils haïs par les nazis tout simplement parce qu’ils étaient juifs, tsiganes, homosexuels, handicapés ou opposants politiques.
Quelque six millions de juifs européens ont ainsi péri dans les camps d’extermination ou de concentration nazis. Ce gigantesque massacre planifié a été nommé Shoah, mot hébreu qui signifie « désastre », « catastrophe ». Mais dans les pays anglo-saxons, dont on reprend souvent le vocabulaire, on a pris la fâcheuse habitude de nommer « Holocaust » ce génocide. Or le terme « holocauste », qui vient du grec, signifie à l’origine un sacrifice religieux par le feu, où l’animal sacrifié était entièrement brûlé et non consommé.
Nommer « Holocauste » le génocide des juifs d’Europe revient alors à assimiler la mort de ces millions de personnes à un sacrifice, ce qui constitue une obscénité et une insulte aux victimes. Aucune d’entre elles ne s’est offerte en sacrifice ni a été sacrifiée ! Elles ont été tout simplement assassinées, et souvent aussi torturées, physiquement ou psychologiquement. Il est peu probable que les anglophones révisent leur vocabulaire relatif au génocide des juifs, mais peut-être est-il encore temps pour que les francophones s’abstiennent de les imiter en prenant conscience de l’incongruité, dans ce contexte, du terme « Holocauste » ?
Le syndrome de Jolitorax

Au début de cet exquis album de BD qu’est Astérix chez les Bretons, Astérix reçoit la visite d’un cousin germain, Jolitorax. Celui-ci est breton, c’est-à-dire d’outre-Manche, et parle donc d’une façon un peu particulière. Le motif de sa venue est que ses compatriotes ont besoin de « la magique potion pour combattre les romaines armées ». Le reste est à l’avenant…
La façon de parler de Jolitorax semble avoir fait des émules en France. En effet, d’étranges tournures ont fait leur apparition, notamment dans les noms de certains établissements d’enseignement supérieur. Citons par exemple « Sorbonne Université », « Aix Marseille Université », « Nantes Université », « Grenoble École de Management »… À croire que la préposition « de » ou « d’ » est devenue un gros mot, au point de rendre insupportables des intitulés tels que « Université de la Sorbonne » ou « Université de Nantes ». À moins qu’il ne s’agisse de donner des intitulés compréhensibles par tous ceux qui viennent d’ailleurs et qui, c’est bien connu, sont incapables de saisir les subtilités des prépositions du français ?
Quoi qu’il en soit, de nombreuses institutions et entreprises françaises ne s’embarrassent pas de tels scrupules. Certaines font un savant mélange, comme « L’Institut d’Optique Graduate School », d’autres adoptent carrément des noms entièrement en anglais : « Toulouse School of Economics », « Paris School of Business », « Burgundy School of Business », etc. Cela renforce-t-il leur attractivité et leur visibilité vis-à-vis de l’étranger, comme elles le prétendent ? J’ai comme un doute.
Des photos capturées… puis exécutées ?

Autrefois, on prenait des photos ou, tout simplement, on photographiait. Aujourd’hui, dans la novlangue, on ne jure que par la « capture » de photos. Une terminologie assez étrange, à la réflexion… On aurait pu à la rigueur parler d’une « captation » d’images. Il est vrai que l’on s’était habitué à des « captures d’écran », et que de l’écran d’ordinateur à la vue d’une scène réelle, il y a un petit pas que les prisonniers des univers virtuels, c’est-à-dire la plupart d’entre nous, n’hésitent pas à franchir…
Quitte à paraître démodé, je préfère continuer à « prendre » des photos ou à « photographier », voire à « enregistrer » une photo. Et je préfère aussi parler de « prise de vues » plutôt que de « shooting », mais c’est là une autre histoire !
Le problème est adressé. À qui ?
Le monde de l’entreprise est, du moins en France, d’une inventivité linguistique sans pareille. Parmi les dernières trouvailles des géniaux managers et autres chefs d’équipe, il y a celle consistant à dire par exemple que « le problème a été adressé ».
Rassurons-nous, il ne s’agit pas d’expédier le problème à quelqu’un d’autre, c’est-à-dire à refiler le bébé en quelque sorte. En fait, la nouvelle expression à la mode dans les réunions, les rapports ou les discussions professionnelles signifie simplement que le problème a été abordé ou traité, ou que l’on s’y est attaqué.
D’où vient ce glissement de sens du verbe « adresser » ? De l’anglais bien sûr, cette lingua franca à laquelle sont biberonnés les cadres des entreprises modernes aux prétentions internationales. Et encore, on peut se consoler ou se réjouir que dans leurs écrits en leur langue maternelle, ce verbe garde – le plus souvent, mais pour combien de temps encore ?… – un seul « d », contrairement au mot anglais qui en compte deux.
Participe présent hi-han

Le participe présent a, sur les scribes d’aujourd’hui, un étonnant pouvoir de séduction. Prenez un texte contemporain quelconque ; vous dénicherez facilement des phrases telles que celle-ci, puisée dans un grand quotidien national :
« Le possible effondrement de la circulation océanique atlantique, régulant le climat, inquiète les scientifiques. »
Autre exemple, tiré d’un autre grand quotidien national :
« Cette multinationale canadienne […] s’est peu à peu tournée vers l’exploitation aurifère dans toute la sous-région devenant, avec une rapidité inédite, le premier producteur d’or en Afrique de l’Ouest. »
L’abus trop répandu du participe présent saute aux yeux… et aux oreilles ! La phrase du premier exemple aurait très bien pu se formuler ainsi : « Le possible effondrement de la circulation océanique atlantique, qui régule le climat, inquiète les scientifiques. » Et pour la phrase du second exemple : « Cette multinationale canadienne […] s’est peu à peu tournée vers l’exploitation aurifère dans toute la sous-région et est devenue, avec une rapidité inédite, le premier producteur d’or en Afrique de l’Ouest. »
Je vous laisse deviner laquelle des tournures est la plus élégante… Mais apparemment, l’élégance ne pèse pas lourd face à la tentation d’imiter les tournures de l’anglo-américain, où le participe présent (« xxxxx-ing ») règne en maître.